Briser le silence : repenser les évaluations de l'enseignement par les étudiants dans un monde post-COVID

Pourquoi les étudiants ne remplissent-ils plus les évaluations de l'enseignement ? C'est une question qui préoccupe les établissements d'enseignement partout dans le monde. Autrefois moyen fiable pour recueillir du Feedback, les évaluations de l'enseignement ont vu leur taux de participation chuter depuis la COVID-19. Les vieilles méthodes, comme envoyer des rappels par e-mail ou proposer de petites récompenses, ne marchent plus. Les étudiants sont fatigués, démotivés et, souvent, sceptiques quant à l'importance de leur avis. Lawrence Williams, de l'Oregon Health & Science University, et Elena Zaitseva, de la Liverpool John Moores University, ont expliqué comment ils repensent les pratiques de Feedback, en combinant théorie sociale, psychologie étudiante et technologie pour créer une approche plus réactive et axée sur la recherche.

Pourquoi les étudiants se taisent-ils ?

Alors, pourquoi les étudiants se déconnectent-ils ? Ce silence n'est pas aléatoire, il est le résultat d'une série d'obstacles qui ne cessent d'apparaître sur les campus. Du burn-out à la méfiance, ces obstacles expliquent pourquoi les tactiques traditionnelles ne fonctionnent plus :

• Burn-out post-COVID : les étudiants du monde entier font état d'un niveau plus élevé de scepticisme et de fatigue, ce qui se traduit par un désengagement.
• Surcharge d'enquêtes : avec des boîtes mail pleines d'enquêtes et de rappels, beaucoup d'étudiants se désintéressent tout simplement. <BR /><BR />- Peur de représailles : les inquiétudes concernant l'anonymat ou les conséquences potentielles peuvent décourager l'honnêteté. <BR /><BR />- Perception d'inutilité : si les étudiants pensent que leur feedback ne change rien, ils ne se donnent pas la peine de le formuler.
• Inadéquation de la communication : les formats d'évaluation traditionnels sont souvent en contradiction avec la manière dont les étudiants préfèrent interagir et partager leurs opinions.

Le plus frappant est peut-être ce que les présentateurs ont appelé le « silence des étudiants », c'est-à-dire le manque inexplicable de participation même lorsque les évaluations sont accessibles, anonymes et encouragées. Pour comprendre ce silence, il a fallu aller au-delà de la logistique et se pencher sur la psychologie.

Entrer dans la spirale du silence

Pour comprendre ce problème, les présentateurs ont utilisé la théorie de la « spirale du silence » d'Elisabeth Noelle-Neumann (https://vnecas.wordpress.com/wp-content/uploads/2010/03/spiral_of_silence.pdf). Ce concept dit que les gens, surtout ceux qui ont des opinions minoritaires ou impopulaires, ont tendance à rester silencieux s'ils pensent que leurs opinions ne sont pas soutenues ou qu'il pourrait être risqué de les exprimer. <BR /><BR />Appliquée aux évaluations de l'enseignement, cette théorie explique pourquoi les étudiants hésitent : <BR /><BR />- Se sentent-ils suffisamment en sécurité pour être honnêtes ? <BR /><BR />- Font-ils confiance au système pour utiliser leurs commentaires de manière responsable ?

Est-ce qu'ils voient leurs camarades et leurs profs donner leur Feedback comme une norme ?

Renverser la spirale : un nouveau cadre

Alors, comment passer du silence à la parole ? La solution, ce n'est pas d'envoyer plus de rappels par e-mail ou de proposer des incitations tape-à-l'œil, mais de créer une culture où les étudiants se sentent en sécurité, valorisés et motivés pour partager leurs expériences.

Pour y arriver, Williams et Zaitseva ont proposé cinq stratégies clés que les établissements peuvent utiliser pour briser le silence et encourager une participation significative :

2. Promouvoir les normes de participation <BR /><BR />Feedback doit être considéré comme la norme, et non comme l'exception. Les étudiants doivent considérer le fait de donner leur feedback comme une partie normale et attendue de leur expérience d'apprentissage, et non comme quelque chose d'optionnel ou d'inhabituel. <BR /><BR /> Les établissements peuvent partager les taux de réponse historiques, encourager les enseignants à parler de l'importance des évaluations tout au long du semestre, et même impliquer les leaders étudiants ou les représentants de cours pour promouvoir la participation.

3. Montrer l'impact du Feedback Il est important de noter qu'il ne s'agit pas de sélectionner uniquement les commentaires positifs, mais de montrer des points de vue diversifiés, y compris les avis neutres ou critiques. <BR /><BR />### 4. Établir une relation de confiance à long terme <BR /><BR />Les feedbacks ne doivent pas être considérés comme un événement ponctuel à la fin du semestre. Les enseignants qui maintiennent un dialogue continu avec les étudiants, font preuve d'ouverture à la critique et normalisent les feedbacks dans le cadre du processus d'apprentissage créent une culture où la participation est plus naturelle.

5. Préparer les étudiants à donner leur Feedback

Perspectives issues du terrain

Deux exemples institutionnels montrent comment des contextes différents nécessitent des approches sur mesure :

• OHSU (Oregon Health & Science University) : malgré des évaluations centralisées et obligatoires, les taux de participation et de réponse à l'OHSU restent difficiles à évaluer. Cela montre que la politique seule ne garantit pas l'engagement.
• LJMU (Liverpool John Moores University) : Avec un grand nombre d'étudiants de premier cycle, dont beaucoup viennent de milieux défavorisés, les évaluations sont facultatives et les profs sont moins directement liés aux résultats. Ici, les différences culturelles et structurelles demandent des stratégies alternatives.

Des enquêtes et des entretiens ont permis d'obtenir des infos supplémentaires :

• 40 % des étudiants étaient pour les incitations, surtout celles qui sont immédiates.
• 35 % voulaient des preuves claires que le Feedback entraînait des changements.

Le rôle de la technologie

On pourrait penser que la bonne plateforme peut régler les problèmes de participation, mais la technologie seule ne suffira pas à résoudre le manque d'engagement des élèves. Des outils spécialisés et avancés comme Explorance Blue et Explorance BlueX offrent des fonctionnalités utiles : paramètres d'anonymat, suivi des réponses et visualisations de données attrayantes. Pourtant, même le tableau de bord le plus sophistiqué n'encouragera pas les élèves à partager leur Feedback s'ils ne comprennent pas comment il est utilisé ou pourquoi il est important.

Aller de l'avant : la culture, pas seulement la technologie

Il n'y a pas de solution unique. Chaque établissement doit élaborer des stratégies qui reflètent sa propre population étudiante, la structure de ses cours et son environnement culturel. En favorisant la confiance, en maintenant un dialogue ouvert et en démontrant constamment l'impact du Feedback, les établissements peuvent dépasser le silence et créer une culture où les étudiants sont motivés à partager leurs expériences.

Le défi est réel, mais le potentiel l'est aussi. En instaurant la confiance, en encourageant le dialogue ouvert et en montrant comment le Feedback mène au changement, les établissements peuvent briser le silence et cultiver une culture où la voix de chaque étudiant compte vraiment. Lorsque le Feedback fait partie d'une conversation continue plutôt que d'une tâche ponctuelle, les étudiants se sentent valorisés, les cours s'améliorent et l'expérience d'apprentissage s'enrichit pour tout le monde, tant pour les étudiants actuels que pour ceux qui viendront après eux.